En Turquie, des dizaines de milliers de partisans du président Erdoğan se sont rassemblés ce samedi 28 octobre à Istanbul, alors que l’armée israélienne mène d’intenses bombardements sur la bande de Gaza. Le chef de l’État turc organisait avec ses alliés politiques un « grand meeting pour la Palestine ». Recep Tayyip Erdoğan, qui a nettement durci le ton contre Israël ces derniers jours, s’en est aussi pris aux Occidentaux, accusés d’être responsables des bombardements sur Gaza. Israël a rappelé ses diplomates de Turquie après les critiques d’Erdogan.
Recep Tayyip Erdoğan s’exprimait face une foule pour la première fois depuis le début de l’offensive sur Gaza, au moment où l’armée israélienne bombarde massivement l’enclave palestinienne. Sans surprise, le président turc a eu des mots très durs contre Israël, accusé de commettre un « massacre », des « crimes de guerre » et non de « se défendre » à Gaza.
Mais son discours était avant tout une charge virulente contre l’Occident… Les Américains et les Européens, qu’il a accusé de soutenir et d’encourager Israël dans son offensive.
« Ô l’Occident, je m’adresse à vous : voulez-vous relancer une nouvelle croisade du Croissant contre la Croix ? Le principal responsable du massacre à Gaza, c’est l’Occident ! Chacun sait que dans la région, Israël n’est qu’un pion qu’ils pourront sacrifier le moment venu. Parce qu’Israël ne peut rien faire sans eux [les Occidentaux]. S’il essaye, il ne tiendra pas trois jours, il s’effondrera ! », a lancé le chef de l’État.
Avant de prendre totalement fait et cause pour les Palestiniens – allant jusqu’à qualifier le Hamas de « groupe de libérateurs qui protègent leur terre » – le président turc avait d’abord eu une réaction prudente, mesurée, presque équilibrée. Il espérait jouer les médiateurs entre Israël et le Hamas. Il voulait aussi éviter d’abîmer ses relations avec l’État hébreu, que la Turquie venait tout juste de réparer après des années de rupture.
Mais avec l’intensification des bombardements sur Gaza, cette position est devenue intenable vis-à-vis de sa base électorale, de ses alliés politiques, mais aussi pour lui-même, en raison de son attachement ancien à la cause palestinienne.
Avec ce discours, qui s’adressait autant à l’opinion internationale qu’à sa propre opinion publique, Recep Tayyip Erdoğan reprend une posture qui lui est chère : celle du pourfendeur de l’Occident, du grand défenseur des Palestiniens et, au-delà, de l’islam sur la scène internationale.
Israël rappelle ses diplomates de Turquie
Israël a immédiatement rappelé ses diplomates de Turquie afin de « réévaluer les relations » entre les deux pays, après les critiques du président turc Recep Tayyip Erdogan sur la guerre à Gaza, a annoncé samedi le ministre des Affaires étrangères.
« Étant donné les graves déclarations en provenance de Turquie, j’ai ordonné le rappel des représentants diplomatiques afin de réévaluer les relations entre Israël et la Turquie », a posté Eli Cohen sur le réseau social X.
Rfi.fr