Quand vous annonciez à grande pompe la reprise de vos services tout le monde ou presque a applaudi. Les Sénégalais de la diaspora, du moins beaucoup d’entre eux ont tourné le dos aux multinationales qui pourtant assuraient leurs voyages dans d’excellentes conditions au profit de la compagnie nationale. Ils ne l’ont fait parce qu’ils ont grand-chose à reprocher à ces compagnies mais parce que la fibre patriotique a réagi.
Certains sont même allés jusqu’à tirer à boulets rouges sur d’autres hommes d’affaires sénégalais qui continuaient à collaborer avec des compagnies étrangères. Air Sénégal International, personne n’ose exiger à une compagnie d’être ponctuelle sur toute la ligne, une marge de retard est toujours admise.
Mais croyez-moi, vous avez abusé de la patience de vos compatriotes qui instinctivement se sont rués vers vous non parce que vous leur offrez un meilleur service mais parce qu’ils ont senti le devoir moral de le faire. Après seulement quelques mois de service les émigrés ont noté avec amertume beaucoup de laxisme car des retards répétés ont été déclarés dans tous vos départs. Mais ce qui déplaît le plus dans cette histoire ce sont moins les retards que le manque de communication entre les passagers et les responsables de compagnie.
En effet, dans les aéroports de Paris ou de Milan, les passagers sont laissés à eux-mêmes, malgré des heures de retard, ils ne savent même pas à qui s’adresser. Et tout le monde sait qu’avec les nouvelles normes en vigueur qui découlent de la situation sanitaire, trainer dans les aéroports n’est point le maximum. Ces expatriés dont le seul pêché est d’être des patriotes, doivent prendre leur mal en patience car ce qui est étonnant dans cette affaire est que plus on avance plus la situation s’empire.
Et les Sénégalais de la diaspora, tels des citoyens entièrement à part ont encore cette doléance qui vient s’ajouter à ce long chapelet de doléances. Cette diaspora laissée à elle-même doit nécessairement trouver sa survie au sein de cette même diaspora. Je dis et j’assume que les germes de notre survie sont en notre sein donc aidons nous à nous sortir de cet étau qui ne cesse de se resserrer. Écoutons et aidons les émigrés ou les fruits de l’émigration qui ont pris le combat à bras le corps et dont le seul souci est d’abréger nos souffrances. Préférence nationale oui, mais humiliation certainement non.
Sakho Malick