Paris, Bagnolet, Ce samedi soir à l’hôtel Campanile, dans la commune de Bagnolet, en région parisienne, un air de retrouvailles planait dans la salle. Ce n’était pas un meeting au sens classique du terme, mais bien une rencontre. Une conversation entre un leader politique sénégalais et des compatriotes établis en Europe, venus nombreux malgré la canicule d’été pour écouter, interroger et dialoguer. Barthélemy Dias, maire de Dakar et fondateur du mouvement Sénégal Bii Nu Bokk, a répondu présent à l’appel de la diaspora. Un moment fort, sincère et sans langue de bois.
La salle, pleine à craquer, a vu défiler les questions, les témoignages et les interpellations sur les enjeux du moment : la gouvernance du pays, le rôle de la diaspora, la jeunesse sénégalaise en quête de repères, ou encore la nécessité de poser les bases d’un développement plus équitable.
Pendant plus de deux heures, Monsieur Dias a répondu, souvent sans esquive, avec ce style direct qui le caractérise. Il a reconnu les attentes de la diaspora, ses frustrations parfois, mais aussi sa force, sa résilience et son rôle incontournable dans le devenir du Sénégal.
Fils de l’illustre homme politique feu Jean-Paul Dias, Barthélemy Dias a toujours assumé son héritage, tout en traçant sa propre voie. Il a grandi au cœur des luttes démocratiques, mais a également construit sa légitimité dans l’action de terrain. Très tôt engagé dans les mouvements de jeunesse, il est devenu une figure emblématique de la gauche sénégalaise, et s’est fait remarquer par sa capacité à fédérer et à parler aux exclus du système.
Son élection à la tête de la mairie de Dakar, en janvier 2022, a été un moment symbolique fort. Successeur de Khalifa Ababacar Sall, il a poursuivi l’ambition d’une capitale solidaire, inclusive et tournée vers l’avenir. Mais au-delà de son mandat municipal, Barthélemy Dias est aujourd’hui une voix qui compte dans le débat national. Et son récent lancement du mouvement Sénégal Bii Nu Bokk marque une étape supplémentaire dans son engagement politique : celle d’une autonomie affirmée, loin des alliances de circonstance.
Lors de la rencontre, Barthélemy Dias a pris le temps de revenir sur le sens de cette nouvelle formation politique. « Ce n’est pas une rupture par rancune, c’est une prise de responsabilité. Le Sénégal appartient à tous ses enfants. Et si nous voulons le reconstruire, nous devons d’abord le comprendre. »
À travers Sénégal Bii Nu Bokk, Barthélemy Dias souhaite rassembler au-delà des clivages habituels. Il plaide pour une refondation du pacte républicain, une gouvernance plus transparente, et une participation citoyenne réelle. Il tend également la main à la diaspora, qu’il considère non pas comme un « électorat d’appoint », mais comme une force vive, une richesse stratégique, à la fois économique, sociale et politique.
Au Campanile de Bagnolet, les intervenants ont été nombreux à rappeler leur attachement au pays, mais aussi leur sentiment d’exclusion. Le manque d’accès au logement pour les étudiants envoyés depuis le Sénégal, la lenteur de certaines administrations consulaires, l’absence de représentation politique forte : autant de griefs portés à voix haute.
Barthélemy Dias n’a pas esquivé ces questions. Il a pris note, a répondu parfois avec fougue, souvent avec gravité. Cette rencontre de Paris est à la fois symbolique et stratégique. Elle marque l’ancrage d’un homme politique qui ne veut plus faire de la politique de manière traditionnelle. En allant à la rencontre de la diaspora, Barthélemy Dias montre qu’il entend être au plus près des réalités, au-delà des logiques de pouvoir.
C’est aussi le signe d’un tournant : celui d’un homme qui, après avoir été un opposant virulent, un maire contestataire, veut désormais construire avec méthode. Il ne renie rien de ses combats, mais semble décidé à ouvrir une nouvelle page, plus rassembleuse, plus structurée.
Malick Sakho