La découverte d’une pirogue de migrants sénégalais au Cap-Vert avec plusieurs morts fait encore couler des salives. Action pour les droits humains ne cache pas son amertume suite à énième drame en mer. « Suite à la découverte de l’embarcation qui avait quitté une côte sénégalaise le 10 juillet avec une centaine de passagers (101) à son bord, Action pour les Droits Humains et l’Amitié (ADHA) reste préoccupée par le mutisme des autorités alors que les collectifs des habitants de Fass Boye avaient alerté et demandé l’aide des autorités afin de retrouver cette pirogue. Malheureusement, la pirogue a été retrouvée au Cap-Vert avec seulement 38 rescapés », constate pour s’en désoler son président Adama Mbengue. ADHA dénonce « l’inaction des autorités et l’absence de politiques de jeunesses efficaces capables de faire face à ce sérieux drame qui affecte cruellement le Sénégal ».
Elle relève que malgré les dispositifs mis en place par le FRONTEXT dans le cadre des accords de coopération entre l’Union Européenne et le SÉNÉGAL, les financements, les rencontres, la création de structures pour contrer la migration dite irrégulière, entre autres, « les vagues de migrants vers l’Europe continuent de plus belle avec leurs lots d’horreurs ». « La situation économique du Sénégal pousse de plus en plus de jeunes à prendre la mer en direction des Îles Canaries. L’inflation et la raréfaction des ressources halieutiques, motivent les jeunes qui ne voient d’autres perspectives que l’exil vers l’Europe », fait-elle remarquer.
« Au vu de toutes ces stratégies et initiatives qui ne sont pas réellement productives, ADHA est totalement contre l’idée d’une Assise car les jeunes n’ont plus besoin de paroles, mais plutôt d’actions efficaces, transparentes et inclusives », estime-t-elle tout en demandant au Chef de l’État du Sénégal « de revoir la politique de jeunesse, suivant les corporations et les zones géographiques; de reconsidérer les accords de pêche qui généralement se font à la défaveur des pêcheurs locaux. »
« D’autre part, ADHA recommande à l’État de rechercher les raisons pour lesquelles, malgré tous les moyens colossaux déployés pour contrecarrer la migration dite irrégulière, les vagues de départ ne diminuent guère. Aussi, nous demandons aux autorités de revoir plus sérieusement les différentes solutions proposées au cours de plusieurs séminaires, sommets, rencontres et colloques qui se sont déroulés ces dernières années, afin d’élaborer une politique efficace et pérenne visant à donner espoir aux jeunes qui ne veulent que réussir et vivre décemment », lancent les camarades d’Adama Mbengue. Qui exigent par ailleurs des ambassades des États de l’Union Européenne « de revoir leur politique d’octroi de visas ».