Réflexion citoyenne sur l’#emploi des jeunes et des moins jeunes.
- La question de l’emploi des jeunes doit être précédée par celle de la préservation des emplois existants. Pour sortir d’un trou il faut d’abord arrêter de creuser, n’est-ce pas? Il faut donc conserver les emplois existants et retrouver les emplois perdus dans les secteurs très touchés par la COVID 19 comme le tourisme, l’hôtellerie, la restauration qui sont des secteurs clé de notre économie. Il faudra une stratégie adaptée pour que ces secteurs retrouvent leur situation pré-Covid19 et reprennent leur personnel en chômage technique prolongé. Il est estimé que le secteur de la restauration a perdu pour 56 milliards de F CFA, le secteur hôtelier a perdu 40 milliards, le transport aérien 34,3 milliards et le transport terrestre 24,3 milliards. Les premiers à souffrir de ces baisses de recettes, ce sont bien entendu les salariés, car pas de recette pas de moyen de payer de salaire. Donc dans la stratégique de création d’emploi, il faut déjà retrouver les emplois perdus pour les jeunes et les moins jeunes.
- Dans la perspective de création d’emplois en quantité massive, puisse que c’est de cela qu’il s’agit, il faut se rappeler que 70% de la population sénégalaise a moins de 35 ans, cette importante frange de la population n’est pas disposée à attendre les résultats d’une transformation structurelle nécessaire de notre économie. Il faut aussi oser dire que c’est une économie performante qui produit des emplois décents et cela demande du temps donc il faut des mesures d’urgence de création d’emplois en utilisant la commande publique de plus de 1200 milliards, avec par exemple des mesures comme l’interdiction d’importation de meubles pour relancer le secteur de la menuiserie, la généralisation du port des uniformes scolaires pour soutenir le secteur de la confection et surtout la création d’un programme nationale de travaux d’utilité publique ambitieux visant pas moins de 500..000 jeunes dans les domaines de l’environnement, la maintenance des édifices publiques comme les écoles et hôpitaux, l’assainissement etc. Ce programme national de travaux d’utilité publique comportera un volet formation important en rapport avec le secteur de la formation qui a lui aussi beaucoup souffert de la pandémie. Un partenariat avec les ASC pourrait être envisagé avec des mécanismes de suivi efficace pour atteindre l’impact souhaité.
- A moyen et long terme la restructuration de notre économie extravertie est le meilleur gage de création d’emplois. Cette restructuration se fera autour du développement de notre tissu industriel. Nous importons tous les objets que nous utilisons dans la vie courante, brosses à dent, tissus, aiguilles, cuillères, chaussures et autres objets dont la fabrication ne nécessite pas de grande technologie. Il nous faut absolument développer l’industrie légère et arrêter d’être des consommateurs des produits fabriqués chez les autres !
Le consommer sénégalais doit être plus qu’un slogan mais une réalité, il faut produire sénégalais. La chaîne de valeur de notre arachide national reste à être développer, et pourtant plus de 200 produits sont répertoriés comme produits dérivés de l’arachide comme par exemple l’aliment de bétail, les cordes, les produits cosmétiques et même l’électricité. Pour produire ces centaines de milliers d’emplois pour cette jeunesse numériquement hégémonique, il faudra sortir résolument prendre le taureau de notre industrialisation par les cornes.
- Ces programmes doivent avoir une réalité dans le quotidien des jeunes qui vivent dans les quartiers et les villages. Il est temps de décentraliser l’économie et la production au niveau des espaces de vie des populations et des jeunes en particulier en soutenant le concept d’économie de quartier.
Aminata Touré