Monsieur Idrissa Samb est un inspecteur des impôts et domaines. Il est aussi le Président du Mouvement Djoloff en marche, candidat à la mairie de Dahra, aux prochaines élections territoriales, sous la bannière de la Coalition Yewwi Askan Wi. Il a accepté de nous accorder cet entretien.
Du social à la politique, il y a plusieurs pas à franchir et vous semblez les avoir franchis. Pourquoi avez-vous décidé de vous lancer en politique ?
Merci beaucoup pour cette question très importante car beaucoup de gens ne cessent de me la poser. Comme vous le savez la politique se définit par certains comme l’art de gérer la cité. Par conséquent, étant un citoyen soucieux du bien-être de mes semblables Djoloff Djoloff, j’ai pensé depuis que je suis devenu inspecteur des impôts donc haut fonctionnaire qui a un revenu me permettant de vivre décemment à partager mes revenus. Qui dit partage dit redistribution. Or, comme vous le savez le salaire ne pouvant pas satisfaire mes besoins et ceux d’une importante frange de la population, j’ai pensé faire cette redistribution sous forme d’acte de bienfaisances notamment les caravanes médicales, la circoncision d’enfants démunis, l’équipement d’une ambulance au centre de santé Mame Seynabou Ndaw de Dahra Mbayenne, l’équipement des ouvriers en matériels etc…
Par ailleurs, pour répondre sur la question sur le pourquoi je me suis lancé dans la politique je dois vous dire que je me suis lancé dans la politique par effraction. C’est en 2018 que j’ai décidé avec des hommes et femmes de valeur qui aiment notre terroir à entrer dans le champ politique pour essayer d’avoir notre mot sur la marche du pays en général et du Djoloff en particulier. Nous sommes entrés en politique après avoir fait un diagnostic complet sur le fait que le Djoloff est toujours laissé en rade par les pouvoirs publics qui se sont succédé. Fort de ce constat, après avoir parcouru ce que je pourrais appeler la feuille de route de Sénégal jusqu’en 2035 c’est-à-dire le PSE, nous avons vu que pas grand-chose n’est prévu pour le Djoloff si ce n’est quelques forages et pistes rurales qui sont des investissements de subsistance d’une époque dépassée. Je suis entré dans la politique pour essayer d’accéder dans les plus grandes instances de décision pour faire basculer les investissements au niveau de notre cher terroir le Djoloff mais prônant la « politique autrement » par des actes et propositions concrets.
La journée nationale de l’Elevage vient d’être célébrée à Dahra avec, â la baguette, un fils du terroir comme ministre de tutelle. Quel commentaire en faites-vous ?
Le commentaire que j’en fais est que le Président est venu juste à Dahra Djoloff pour donner un coup de main à son candidat à la mairie de Dahra. C’est tout sauf une journée pour les éleveurs. Comment on peut organiser une journée dite de l’élevage sans pour autant donner la parole aux vrais éleveurs mais ce qu’ils ont fait c’est de choisir deux à trois partisans du président qui n’ont rien d’éleveur si ce n’est de nom ? Ce qu’on attendait de cette journée c’est que le ministre en question qui est le fils du terroir censé connaitre les maux dont souffre le secteur de l’élevage et qui a la charge de ce département stratégique, c’était de demander la réhabilitation du CRZ de Dahra qui est moribond. Il fallait demander au chef de l’état d’aider construire un vrai hippodrome pour les journées de courses hippiques dans le Djoloff mais ce qu’on constate c’est un champ de course qui n’est même pas clôturé. IL faut dire que « tout ce qu’on fait pour moi sans moi est à la limite contre moi ». Donc nous disons que cette journée de l’Elevage est un vrai fiasco du point de vue de son organisation, de ses débats mais aussi de la mobilisation politicienne qui a été attendue.
Quelles peuvent être les retombées de cette journée pour le Djoloff ?
Aucunes retombées si ce n’est de promesses toujours des promesses. Comme je l’ai dit tantôt, les fils du terroir devraient faire un plaidoyer pour la réhabilitation du CRZ mais aussi la subvention de l’aliment de bétail, mais aussi demander aux vrais éleveurs leurs véritables problèmes.
En tant qu’inspecteur des impôts et domaines, que pouvez-vous nous dire de la gestion du foncier à Dahra ?
Je ne peux pas donner mon point de vue en tant qu’inspecteur des impôts sur la gestion foncière à Dahra mais juste en tant que citoyen et fils du terroir mais aussi un véritable observateur. Comme vous le savez le foncier à Dahra a toujours été une nébuleuse mais il faut dire que cette situation s’est accentuée avec l’équipe sortante où on voit un ou deux opérateurs économiques en complicité avec de tierces personnes qui sont dans l’équipe municipale entrain de brader les réserves foncières de la commune mais aussi toutes les « poches » de la ville. Donc la gestion foncière à Dahra est catastrophique et nous allons faire un audit exhaustif pour tirer tout au clair et corriger tous les manquements.
Selon vous, les recettes municipales de la commune, qui sont estimées à plusieurs millions de francs CFA, sont-elles bien utilisées ?
Je ne saurais dire que les recettes sont bien utilisées ou pas mais ce que je peux dire c’est que le budget n’a presque pas évolué durant tout le mandat de l’équipe sortante. Ce que je peux dire c’est qu’un budget ne doit pas seulement servir au fonctionnement comme c’est le cas à Dahra où presque 80% du budget sert à gérer le fonctionnement. Que dire des déperditions de recettes concernant les collecteurs au niveau du marché et du Louma du Dimanche ? Donc nous pouvons douter de l’utilisation efficiente du budget de notre commune.
Quelles sont les priorités sur lesquelles vous allez mettre le focus, une fois élu premier magistrat de Dahra Djolof ?
Nos priorités seront diverses mais les plus en vue seront orientées sur l’éducation, la santé, les infrastructures mais aussi les couches vulnérables comme les femmes et les jeunes. Nous allons nous battre aussi pour un redécoupage de la commune de Dahra qui est ceinturée par la commune de Thaimène Pass. Nous allons aussi faire un plaidoyer pour que le Djoloff devienne la 15ème région du Sénégal avec Dahra comme département.
Quel est votre message à l’endroit des Djolof-djolof de la Diaspora ?
Le message que je lance aux Djoloff Djoloff de la diaspora c’est de parler à leur famille respective de faire un choix judicieux pour ne pas élire un maire qui est déjà comptable du bilan du maire sortant. Nous leur demandons de venir investir à Dahra Djoloff pour un retour facile une fois la retraite car il y a pas mal d’opportunités à Dahra comme l’agriculture, l’élevage, la boulangerie, le commerce et les services. Je leur demande à venir s’organiser pour accéder au foncier pourquoi pas créer la cité des « modou modous ».
Votre mission semble très difficile, quand on sait que vous avez en face de vous deux ministres et deux députés, comment comptez-vous vous y prendre ?
Certes rien ne sera facile pour ces élections mais nous sommes plus que confiant. Nous sommes confiant que les populations feront un choix naturel car le potentiel candidat qui est en face de nous est qui est de la mouvance présidentielle n’est pas le choix des dahrois mais c’est le président de la République qui s’est enfermé dans son palais pour choisir quelqu’un qui est comptable du bilan très mitigé de l’équipe sortante mais aussi qui depuis près de huit ans est dans les instances de décision notamment, les directions et des postes ministériels mais a préféré faire la politique de « SOBLE ET DE POMME DE TERRE » mais aussi la corruption et l’achat de conscience des populations. Ce dernier pense que chaque Dahrois a un prix et pourra passer par l’argent mal acquis pour arriver à ses fins. Je suis sûr que les autres députés et ministre dont tu parles ne voteront même pas pour le candidat de Benno Bokk Yaakaar car ils savent que ce n’est pas avec ce dernier que Dahra va émerger. Ils doivent savoir que le candidat en question veut juste faire de Dahra un « fonds de commerce politique » pour une probable transhumance en 2024. Nous sommes sûr que nous allons gagner les élections car nous sommes né et grandi à Dahra et n’avons pas une autre alternative que Dahra contrairement à ce dernier.
Peut-on espérer que le Mouvement Djolof en marche devienne, un jour, un parti politique ?
Pourquoi pas si c’est dans l’intérêt exclusif des djoloff djoloff mais pour l’instant ce n’est pas encore dans nos prévisions et vœux. Je vous remercie.
Entretien : Malick Sakho
