J’ai mis pied à Kaolack pour la première fois en Octobre 1986 pour rejoindre mon poste de professeur d’histoire et de géographie au C.E.M.II du lycée Valdiodio Ndiaye. Octobre, début de la fin de la saison des pluies m’ a fait voir que Kaolack est une zone inondable avec ses quartiers susceptibles d’être envahis par les eaux de pluies. Dès mon arrivée, j’ai commencé à payer les frais des inondations; habitant avec d’autres collégues dans une maison sise à Angle Sady du quartier de Sam, nous avions sollicité grâce à l’intervention de l’inspecteur d’accadémie l’aide des services de la commune pour au moins avoir une possibilité d’accès à notre maison louée tant l’eau stagnante était abondante et puante.
En tant que professeur d’histoire et de géographie, ma première explication logique est la présence de sols argileux imperméables. Le nord de Kaolack en allant vers Gossas est occupé par des sols ferrugineux meubles peu lessivés à cause de la longue saison séche ou sols « joor » apte à la culture arachidiére. L’Est, le sud et l’Ouest de Kaolack sont occupés principalement par les « tannes »; ce sont des sols halomorphes stérilisés par le sel et mélangés à l’argile. Ils sont marécageux car retiennent les eaux de pluie. La forte présence du sel s’explique par le fait que le bras de mer » le Saloum » a un taux de sel qui avoisine 48 grammes de sel par litre dans une zone chaude de forte évaporation quand le taux normal est environ de 35 grammes par litre. Du mois de Juillet à la fin du mois d’Octobre- début Novembre, la ville de Kaolack devient une zone marécageuse et insalubre.
En 1989, avec le soutien pédagogique et intellectuelle de mon doyen Mapathé Ba et l’encadrement de notre regretté professeur Mr Iba Der Thiam, j’ai travaillé en sujet de mémoire de maitrise: » les kaolackois face à l’administration coloniale de 1914 à 1939″. Au cours de mes recherches dans les archives nationales et les bibliothéques, j’ai découvert une seconde explication politico- administratives et géographique des inondations et de l’insalubrité de Kaolack.
dès 1912, la question de l’hygiène et de l’insalubrité à Kaolack étsit la grande èquation de l’administration coloniale; obligeant meme l’administrateur Paul Brocard à engager le docteur Combarel et plus tard emettre l’idée de déplacer la ville coloniale dans ses rapports à ses supérieurs. Dès 1914, tous les rapports administratifs faisaient part de la situation sanitaire et hygiénique catastrophique. Selon l’administrateur Brocard, le site de la ville est la première explication. Kaolack est construite dans une cuvette, à partir de l’extérieur de la ville, les eaux de pluie ruissellent vers le centre ville. Tous les quartiers européens comme indigénes sont inondés pendant toute la saison des pluies, l’eau stagne avec une odeur fétide dès les premiers mois de la saison séche.
Hier comme actuellement en Juillet 2024, les mares et marécages constituent des foyers de miasmes, de gaz putride censés causer maladies et épidémies. Cette situation sanitaire et hygiénique catastrophique a toujours été le grand probléme de tous les administrateurs. Dès 1928, l’administrateurs Aujas dans tous ses rapports a toujours mentionné cette situation de Kaolack surtout en saison des pluies car les cloaques destinés à recevoir les immondices et les eaux usées et de pluie sont source de paludisme. Ces problèmes des administrateurs coloniaux Brocard en 1914, Aujas en 1928, étaient ceux du regretté Mr Abdoulaye Diack et ce sont les mêmes de l’actuel maire en 2024 de Mr Serigne Mboup.
L’administration coloniale dans le » Journal Officiel » de 1912 avait pris des mesures administratives contraignantes pour améliorer la situation hygiénique. En Mars 1918, des amendes de 2 à 3 Francs étaient prévues pour défaut de balayage et de 3 à 5 Francs pour larves et moustiques pour les kaolackois qui n’entretenaient pas leur maison.
En 1920, l’administrateur Bernard Siadoux ( 1918- 1920) avait pris un arrété municipal de lutte contre la situation sanitaire et hygiénique préoccupante.
Article 1: Tout occupant de lot de la commune mixte de Kaolack est tenu de maintenir en bon état d’entretien et de sécurité les caniveaux, rues et places bordant le terrain qu’il occupe
Article 3: il est interdit de jeter sur la voie publique tout objet, tout liquide qui en diminuerait la propreté.
En Avril 1923, l’administrateur Louis Aujas donne l’ordre de verser un peu de pétrole dans les puits et les eaux stagnantes pour lutter contre les moustiques et les larves. Ces décisions étaient suivies d’une politique d’infrastructures sanitaires et hygiéniques.
L’administrateur Aujas entreprit la construction d’une dispensaire municipale en projet depuis 1909 et en 1928 Kaolack eut sa première ambulance grace aux frais de la commune. Il entreprit aussi entre 1929 et 1930, la construction de l’hopital de Kaolack. Plus de 2000.000 de Francs furent débloqués pour la construction de 6 kilométres de caniveaux dans la zone limitée à l’ouest par le chemin de fer, à l’est par la rue Faidherbe, au sud par le port et au nord par la rue Van Vollenhoven. Un personnel de surveillance et de service d’hygiéne était composé d’un gendarme, de 4 gardes titulaires, de 5 auxiliaires et de 50 prisonniers de l’administration pénitentiére pour le nettoiement. Comme matériels de nettoyage, la commune disposait de 2 camions, de pelles, de pioches et de produits phyto sanitaire comme le soufre, le grésyl, et des appareils flytox contre mouches et moustiques.
Dès l’indépendance, les maires de la commune de Kaolack ont eu les mêmes difficultés que les administrateurs coloniaux pour résoudre la question hygiénique et sanitaire due aux grandes inonations des saisons des pluies. Ibrahima Seydou Ndao maire jusqu’en 1961, puis Valdiodio Ndiaye, Thierno Diop, El hadj Diène Bacar Gueye, Abdoulaye Diack, Ibrahima Beye, Daouda Faye, Khalifa Niass, Madieyna Diouf, Mariama Sarr et actuellement Serigne Mboup ont tous buté sur l’équation des inondations cause de la situation hygiénique et sanitaire déplorable et facheuse et même navrante de la commune de Kaolack. La mission de ces maires de Kaolack pour résoudre la question est devenue plus difficile pour ne pas dire impossible d’abord à cause de l’indiscipline, de l’incivilité et le manquement aux régles du comportement en société d’une grande partie des kaolackois dont la régle de cohabitation est le » je m’en foutisme » mais aussi et c’est important par le nouveau découpage administratif de la zone. Kaolack est la commune la plus défavorisée au Sénégal par le découpage administratif: A l’ Est la commune de Kahone, au Nord la région de Fatick qui arrive au poste de contrôle de police de Ngane avec le département de Gossas qui contrôle l’Isra de Kaolack, au Sud le pont Serigne Bassirou Mbacké ( ex Noiraud) et à l’ouest Sibassor et Kabatoky n’ont laissé aucune possibilié d’extension à la commune de Kaolack. Disposer de terrains libres éloignés des habitations pour des bassins de retention des eaux de pluies ou pour un dépotoir d’ordures est impossible pour la commune de Kaolack.
Chers concitoyens kaolackois, la question des inondations, de l’hygiéne à Kaolack ne doit jamais une question de bataille politique car aucun fils de kaolackois ne peut apporter une solution miracle. Les kaolackois toutes religions confondues, toutes idéologies politiques confondues doivent être ensemble faire communauté dans le sens du vouloir commun de vivre ensemble pour réfléchir ensembles sur une solution durable. Les kaolackois ont les compétences nécessaires et surtout certains ont des moyens financiers pour sortir KAOLACK de son goulot d’étranglement.
Chers kaolackois , arrêtons de raisonner avec les intérêts ad personam, d’ingurgiter toutes les absurdités politiques possibles qui détournent tous kaolackois de l’essentiel qui est de SOIGNER KAOLACK MALADE et de SAUVER LE SOLDAT KAOLACK. Essayons de raisonner avec la tête et possiblement avec le coeur; celà fera du bien à cette ville de Kaolack en voie de disparition.
Magatte Siaml
Immigré en Italie