À l’heure où le développement inclusif et durable s’impose comme une priorité nationale, la mission de supervision conjointe État du Sénégal – FIDA, en séjour à Kédougou les 6 et 7 septembre 2025, met en lumière des résultats remarquables portés par le Programme d’appui au développement agricole et à l’entreprenariat rural – phase 2 (PADAER-II). Zoom sur une région qui récolte les fruits d’un engagement fort en faveur des petits producteurs, des femmes et des jeunes.
Kédougou – 6 septembre 2025.
C’est un souffle de transformation silencieuse mais puissante qui traverse la région de Kédougou depuis quelques années. Porté par une vision claire de réduction de la pauvreté rurale, de croissance inclusive et de résilience agroécologique, le PADAER-II, mis en œuvre depuis décembre 2018, est aujourd’hui cité en exemple pour ses impacts visibles sur le terrain. La mission de supervision FIDA – État du Sénégal, conduite par Abdourahmane Igaly Camara, coordonnateur du portefeuille pays pour le FIDA, Chef de la mission et accompagnée d’experts techniques, de représentants gouvernementaux et de partenaires stratégiques, est allée à la rencontre des bénéficiaires du programme. Et les témoignages sont unanimes : le quotidien a changé.
Des investissements transformateurs pour des communautés plus résilientes
Le PADAER-II, doté d’un financement initial de 84,7 millions USD (48,56 milliards FCFA), couvre quatre régions (Kédougou, Kolda, Matam et Tambacounda), avec des interventions ciblées sur les filières céréalières, horticoles et d’élevage. À Kédougou, les investissements sont tangibles, structurants, et largement salués par les organisations de producteurs (OP), les jeunes et les femmes. En 2025, plus de 2 616 hectares ont été emblavés grâce au Programme Pilote 3 centré sur l’autonomisation des OPF. À travers une enveloppe de 502,9 millions FCFA, ce sont 2 616 producteurs (dont 993 femmes et 1 131 jeunes) qui ont bénéficié d’intrants subventionnés à 95 %, générant des rendements accrus, avec une moyenne de 2,7 t/ha pour les céréales vivrières.
Une approche holistique : agriculture, élevage, infrastructures et entrepreneuriat
L’impact du PADAER-II à Kédougou dépasse largement les champs agricoles. Le programme s’illustre aussi par un volet élevage renforcé : 300 SPAM de la deuxième génération bénéficient actuellement d’abris d’élevage, de sujets et d’intrants, avec 130 infrastructures déjà réceptionnées.
Sur le plan des infrastructures rurales, les chiffres parlent d’eux-mêmes :
• 13 magasins de stockage céréalier (sur 20 prévus),
• 4 magasins d’aliments de bétail,
• 4 parcs de vaccination,
• 1 hub de transformation des produits locaux à Kédougou (et un autre en construction à Dar Salam).
• Ce hub, flambant neuf, qui sera bientôt opérationnel sera un moteur de l’autonomisation économique des femmes transformatrices de Kédougou, réunies en coopérative. Équipé pour valoriser les produits agricoles locaux, il incarne la montée en gamme des chaînes de valeur.
Des outils modernes pour des OP professionnalisées
La modernisation agricole est également à l’honneur avec les Centres d’Utilisation du Matériel Agricole (CUMA) de Dar Salam et Ségou, dotés de tracteurs et équipements pour assurer des prestations de labours. Ces investissements ont généré plus de 5 millions FCFA de recettes à ce jour.
L’appui au développement de l’entreprenariat rural est également visible. En 2024, 03 jeunes artisans ont été formés et ont produit du matériel agricole pour 14 OP, générant 14,8 millions FCFA de retombées. Par ailleurs, 05 ateliers d’embouche bovine sont en construction pour les GIE de jeunes entrepreneurs.
Former, encadrer, structurer : la clé d’un développement durable
Outre les investissements matériels, le renforcement de capacités reste au cœur de la stratégie du PADAER-II. En partenariat avec des structures telles que ANCAR, DRDR, ASPRODEB, CNCR, FONGS, le programme a organisé des formations en éducation financière, gouvernance, gestion administrative, et bonnes pratiques agricoles et d’élevage. Des diagnostics institutionnels ont permis d’identifier les faiblesses des OP, désormais mieux équipées pour offrir à leurs membres des services adaptés et pérennes. Plus de 180 bénéficiaires ont suivi des formations structurantes qui posent les bases d’un développement autonome.
Une approche inclusive : genre, jeunesse et gouvernance locale
Avec au moins 40 % de femmes et 50 % de jeunes parmi les bénéficiaires, le PADAER-II met l’accent sur l’inclusion. L’approche participative adoptée – avec subventions dégressives et accompagnement ciblé – vise à rendre les communautés agricoles autonomes, compétitives et résilientes face aux défis du changement climatique et de la sécurité alimentaire. La contribution financière des bailleurs de fonds (État du Sénégal, FIDA, OFID, Fonds Fiduciaire Espagnol, collectivités territoriales, bénéficiaires) a permis de structurer les financements autour de composantes clés : productivité agricole, développement des filières, entrepreneuriat rural et infrastructures durables.
Kédougou, exemple d’un modèle reproductible
La mission de supervision a pu constater sur le terrain que le modèle PADAER fonctionne, en particulier dans la région de Kédougou. Le changement systémique est engagé : du soutien à la production jusqu’à la transformation, la commercialisation et la gouvernance des OP.
En s’appuyant sur une synergie efficace entre l’État, les collectivités, les partenaires techniques et les bénéficiaires, le programme jette les bases d’un développement rural intégré, apte à inspirer d’autres zones du pays.
Perspectives : consolidation et pérennisation des acquis
À l’horizon de l’achèvement du programme prévu le 30 juin 2026, la mission de supervision recommande de consolider les acquis, de renforcer les dispositifs de suivi et de préparer les bénéficiaires à la pérennisation des résultats sans appui externe. Le défi désormais sera de maintenir la dynamique enclenchée, de soutenir la professionnalisation des OP et d’intégrer les jeunes et les femmes dans des chaînes de valeur à haute valeur ajoutée.
Kédougou est aujourd’hui un laboratoire vivant du changement rural. Le PADAER-II y a semé des graines de développement que les populations cultivent avec espoir, compétence et détermination. Ce qui s’y passe est bien plus qu’un projet : c’est un mouvement vers la souveraineté alimentaire, l’inclusion économique et la dignité rurale.
