La ville et la région de Dakar connaissent une croissance démographique rapide depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, accentuée par des périodes de sécheresse et de retour de la pluie, et plus récemment par des mouvements de population fuyant les catastrophes climatiques. Cette urbanisation rapide, renforcée par la loi 64-46 du 17 juin 1964 sur le domaine national, a conduit à une expansion incontrôlée de la capitale sénégalaise, entraînant des problèmes d’urbanisation anarchique, de pression immobilière, de congestion routière, de pollution et de détérioration de la qualité de vie des habitants.
Comme dans d’autres régions du monde, plusieurs facteurs ont contribué à cette situation : croissance démographique, crise du logement, spéculation foncière et immobilière, privant les populations vulnérables de solutions de logement. À Dakar, l’occupation irrégulière des sols se caractérise par la construction de bâtis informels dans des zones inondables et à risques, aggravant les problèmes d’infrastructures et de sécurité. Cette situation a conduit à la vulnérabilisation des « banlieues insalubres de Dakar ».
Un contexte climatique et démographique défiant
Le Sénégal, et en particulier la région sahélienne, est marqué par une forte variabilité climatique avec des inondations fréquentes, des pluies irrégulières, des élévations du niveau de la mer, des érosions côtières et des feux de brousse. En dépit de ces conditions, la région de Dakar connaît une expansion urbaine particulièrement forte. La population de Dakar a explosé, passant de 3 137 196 habitants en 2013 à une estimation de 4 042 255 en 2020, avec une densité projetée de 9 127 habitants au km² en 2025.
Cette explosion démographique est liée à la concentration de 90 % des industries et de 80 % des infrastructures du pays dans la région de Dakar, attirant ainsi une masse importante de populations. Cette situation résulte d’une planification urbaine insuffisante et d’une absence de maîtrise de l’espace urbain, entraînant une dégradation du cadre de vie et une vulnérabilité sociale accrue.
Solutions proposées pour une urbanisation durable
Pour répondre à ces défis, plusieurs solutions peuvent être mises en œuvre pour améliorer la gestion de l’urbanisation et de l’occupation des sols à Dakar :
- Planification urbaine intégrée : Développer des plans d’urbanisme prenant en compte la croissance démographique, les besoins en logements et en infrastructures, tout en préservant les zones naturelles. Impliquer les communautés locales dans ce processus est crucial pour garantir une approche participative et inclusive.
- Formation des acteurs locaux : Former et impliquer les maires et les présidents des conseils départementaux aux questions d’urbanisme, d’aménagement du territoire et d’habitat pour assurer une meilleure gestion des projets urbains.
- Droit de préemption : Étendre le droit de préemption pour lutter contre la spéculation foncière et faciliter la création de logements sociaux.
- Gestion des risques naturels : Identifier et cartographier les risques naturels, sensibiliser les populations et intégrer la résilience climatique dans toutes les politiques d’urbanisation.
- Coordination entre acteurs : Renforcer la coordination entre les acteurs publics, privés et ceux de la société civile pour une meilleure harmonisation des programmes de développement urbain.
- Promotion de la construction durable : Encourager l’utilisation de matériaux écologiques et des pratiques de construction respectueuses de l’environnement.
- Infrastructures de base : Investir dans des infrastructures de transport efficaces, y compris les transports en commun, pour réduire la congestion et améliorer la mobilité urbaine.
- Non-urbanisation du Littoral : Protéger le littoral de Dakar en interdisant les constructions non planifiées et en mettant en place des réglementations strictes.
- Lutte contre les Inondations : Mettre en place des systèmes de collecte des eaux pluviales et améliorer les infrastructures de drainage pour réduire les risques d’inondation.
En conclusion pour relever les défis de l’urbanisation galopante et de l’occupation anarchique des sols à Dakar, il est essentiel d’adopter une approche holistique et collaborative, impliquant le gouvernement, les communautés locales, le secteur privé et les organisations internationales. En mettant en œuvre des stratégies telles que la planification urbaine intégrée, revoir la décentralisation de la région Dakar, le renforcement des infrastructures, la promotion de la construction durable et la gestion des risques naturels, Dakar peut progresser vers une croissance urbaine durable et améliorer la qualité de vie de ses habitants.
Par Ndemba DIALLO
Email : ndembadiallo0@gmail.com
Étudiant en Urbanisme – Aménagement et Immobilier en France
Apprenti chargé d’études en Urbanisme à la métropole Aix-Marseille-Provence
Président de l’Association des Etudiants Géographes et Urbanistes Sénégalais de France
Membre de l’association Urbanistes du Territoire de France
Membre du Club de Réflexion sur l’urbain (Sénégal)