Le général Kéba Sangaré a récemment été nommé chef d’état-major général adjoint des armées maliennes, mais cette promotion suscite des inquiétudes au sein de la communauté internationale, en particulier de l’ONU. En effet, en 2020, un rapport des Nations unies avait formulé de graves accusations à son encontre.
Le général Sangaré, qui est le fils d’un ancien chef d’état-major de l’armée de terre du Mali, a déjà occupé ce poste lui-même en 2019-2020, avant de le céder à un autre haut gradé, Oumar Diarra, actuellement à la tête des forces maliennes. Avant sa nouvelle nomination, le général Sangaré avait également été gouverneur de la région de Bougouni. Il jouit d’une solide réputation au sein de l’armée malienne et a dirigé les opérations à Tombouctou aux côtés de la force française Serval en 2013, lors de la reconquête du Nord après une période de dix mois d’occupation jihadiste.
Cependant, le général Sangaré fait face à des accusations graves formulées par l’ONU en 2020. Le rapport onusien le qualifiait alors d’obstacle à l’application de l’accord de paix de 2015, soulignant des « décisions contestables » pendant son mandat à la tête de l’armée de terre. Il était accusé de vouloir contourner les quotas prévus dans le processus de désarmement, de démobilisation, et de réintégration des groupes armés (DDR), ce qui sapait la confiance entre les parties.
De plus, le rapport de l’ONU imputait au général Sangaré une part de responsabilité dans le massacre d’Ogossagou en février 2020, au cours duquel 35 personnes ont été tuées et 19 portées disparues. Selon le rapport, les soldats maliens avaient quitté le village d’Ogossagou malgré les avertissements reçus, plus de dix heures avant l’attaque, alors que le général Sangaré avait été informé de la menace. Un an auparavant, en mars 2019, ce même village au centre du pays avait été le théâtre d’affrontements meurtriers entre les communautés peule et dogon, entraînant la mort de 160 civils. À la suite de ces événements, le général Sangaré avait été destitué de ses fonctions de chef d’état-major de l’armée de terre.
Par Fallou SECK