Le Sénégal est un pays qui regorge de plusieurs niches d’emplois. L’immensité des chantiers à entreprendre est un bon indicateur des potentialités d’emploi. Notre incapacité à faire bon usage des ressources humaines disponibles pour réaliser ces chantiers condamnent ces dernières à une oisiveté et une indigence qui pourraient transformer cet atout en dangers sociaux incontrôlables. Le RDSES réaffirme ainsi sa détermination à plaider auprès de toutes les jeunesses pour combattre le phénomène de l’émigration irrégulière qui les décime de jour en jour.
Les plans d’ajustement structurel avaient causé un dégraissage des effectifs dans les secteurs publics et parapublics. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés avec des déficits de médecins (généralistes, spécialistes), d’enseignants, de force de défense et de sécurité, d’agents publics de santé, d’auxiliaires de justices. Et les conséquences de ces déficits sont quotidiennement vécues par les populations au sein desquelles nous pouvons pourtant trouver toutes ces ressources humaines en manque.
L’État doit nécessairement faire face à sa responsabilité de former et de recruter en nombre suffisant pour tous ces emplois publics notamment dans le secteur de la sécurité pour remédier à la problématique de l’insécurité qui sévit à travers les séries d’agressions. L’oisiveté est mère de tous les vices et l’emploi est le seul outil qui peut aider à remédier à cette oisiveté.
Les longues détentions de justiciables, la baisse du niveau chez les élèves et apprenants, la mortalité maternelle et infantile, le climat d’insécurité grandissant de même que le développement de toute sorte de criminalité que favorise l’oisiveté généralisée dans la frange jeune de la population en sont quelques exemples.
Les concours donnant accès à certaines professions libérales ne sont plus régulièrement organisés et les diplômés admis à certains concours tardent à être intégrés au détriment de recrutements et d’intégration sous terrain.
Les greffiers et les magistrats en déficit souffrent de l’intensité de leur charge de travail du fait de leur effectif. Un recrutement conséquent dans ce sens pourrait ainsi aider à rationaliser leur volume de travail pour une meilleure administration de la justice.
La modification en 2015 du décret portant statut des huissiers de justice a permis de démocratiser l’accès à cette profession. Nous saluons la tenue pour la première fois du concours d’aptitude au stage d’huissier de justice.
Toutefois 11 personnes ont été frauduleusement introduits dans la profession d’huissier sans passer par voie de concours ce qui a fait l’objet de recours en annulation de notre part devant le juge de la cour suprême depuis mars 2021 et jusqu’à présent nous sommes sans réponse contre cette forfaiture.
De même, il est constaté une tentative de la chambre des notaires d’intégrer sans concourir des personnes ayant échouer au concours de 2013 pour occuper les 11 charges vacantes ce que nous n’allons pas accepter.
Le décret portant statut des commissaires-priseurs a également connu des révisions en 2008. Mais l’examen qu’il prévoit n’a jamais été organisé. L’examen d’admission au stage de notaire est prévu tous les trois ans. Depuis la toute première fois en 2013 ce concours n’est plus organisé. A ce jour, il existe une dizaine de charges vacantes. Il urge donc d’ouvrir l’examen d’aptitude au stage de notaires en perspective de l’organisation prochaine d’un concours d’attribution des charges vacantes.
L’entreprenariat souffre du même virus qui a corrompu les recrutements dans les structures publiques. L’artisanat et l’agriculture familiale pouvaient être de puissants moteurs pour promouvoir l’auto-emploi si les fonds mobilisés étaient octroyés aux réels ayants-droits et l’on s’interroge sur les 150 milliards par année annoncé par le chef de l’État après les événements de mars 2021.
Explorer toutes les possibilités d’insertion professionnelle pour les ressources humaines disponibles est la principale tâche à laquelle nous devons tous nous atteler et c’est tout à l’honneur du Regroupement d’initier une rencontre inédite qui sera une bonne occasion de détection des possibilités d’insertion pour les diplômés en droit.
Ainsi, fermement engagé dans le chantier de l’insertion professionnelle des diplômés, le Regroupement de Diplômés Sans Emploi du Sénégal annonce l’organisation en Juillet d’un Forum qui, nous en sommes persuadés, produira des réponses concrètes à la lancinante question du chômage des jeunes diplômés. En marge de la campagne électorale en vue, la parole sera donnée à toutes les forces vives et intelligences du Sénégal pour la formulation d’une démarche inclusive favorable à l’amélioration de l’employabilité des jeunes.
Cette conférence de presse est également une occasion pour le Regroupement de magnifier sa collaboration avec la Direction de l’emploi. La signature d’une convention de partenariat a entre autres permis le placement en stage d’un certain nombre de diplômés parmi nos membres.
A l’occasion du Conseil présidentiel sur l’emploi et l’insertion socio-économique des jeunes, le Chef de l’Etat avait martelé que la lutte contre le chômage est une bataille de longue haleine qui ne se gagnera pas en un seul jour. Il avait assuré à la jeunesse sénégalaise que l’Etat du Sénégal ne les abandonnera jamais dans leur quête de réussite socio professionnelle. Nous l’interpellons à nouveau sur l’urgence de mettre en œuvre le décret 2021-172 du 27 janvier 2021 portant création et fixant les règles de fonctionnement du Conseil national pour l’Insertion et l’Emploi des Jeunes. Le retard de la mise sur pied de ce conseil est un indicateur du statut quo observé depuis la tenue de ce Conseil présidentiel.
A travers une lettre ouverte que nous vous avions adressée au sortir de ce conseil nous vous rappelions que :
La réglementation sur les stages n’est pas respectée et qu’il arrive que des personnes fassent 5 ans dans une boîte sans être recrutées.
Les masters professionnels coutent chers et ne sont pas pris en compte dans le cadre des financements de la formation professionnelle ce qui constitue une injustice.
Les recrutements à la fonction publique sont toujours réservés aux militants, aux proches des autorités et à la clientèle politique, de même que dans les sociétés nationales et le parapublic dont la survie de certaines est menacée par ces pratiques. Les exemples de la Poste, caisse de sécurité sociale et de l’IPRES sont patents.
L’accès aux professions libérales est problématique alors que la capacité d’absorption de ces professions est considérable. Il urge d’arbitrer certains conflits d’intérêts pour démocratiser l’accès à la profession d’avocats, de pharmaciens, d’experts comptables, de commissaires-priseurs d’expert fiscale etc.
Le RDSES dans ses travaux préparatoires a diagnostiqué la question du chômage des jeunes diplômés et propose des pistes de solutions :
- Le recrutement en masse de médecins, sage-femme, infirmiers, aides-soignants en déficit pourrait relever le niveau de notre plateau médical et atténué la surcharge de travail dont ils sont victimes causant des fois des désagréments.
- Le recrutement massif à la fonction publique et l’organisation régulière des concours peuvent aider à remédier au vieillissement des fonctionnaires et au double emploi.
- Le recrutement massif des jeunes diplômés des facultés de droit dans les fonctions libérales telles : Huissiers de justice, avocats, notaires, commissaires-priseurs concourrait à une baisse considérable des diplômés cherchant insertion.
- Il est impératif de revoir les recrutements à la fonction publique qui sont réservés aux militants et proches du ministre concerné, d’arrêter les contrats spéciaux octroyés aux retraités par certaine institution comme l’assemblée nationale au détriment des jeunes diplômés et cesser le double emploi dans le privé et le public.
- Le recrutement massif dans la fonction publique pour remédier au vieillissement des fonctionnaires. Le recrutement de juristes pour servir d’expertise technique au sein des ministères et directions.
- L’organisation annuelle des concours, la réforme de l’ENA où le nombre de cartouches et la limitation d’âge constitue un facteur bloquant pour les perspectives d’insertion.
- La suppression de la limitation du nombre de candidatures aux concours comme l’ENA, la magistrature et les examens de la fonction publique civile ainsi que le relèvement de l’âge limite pour passer ces concours.
- L’organisation régulière des concours d’entrée dans les écoles nationales et les concours professionnels.
- Il urge d’initier les étudiants à la pratique en combinant l’enseignement théorique à la pratique. L’intégration de l’enseignement du droit dans le cycle secondaire peut régler la problématique de l’ignorance des fondamentaux par les citoyens, renforcer la citoyenneté, la connaissance de l’Etat de droit.
- Le recrutement massif d’assistants parlementaires au niveau de l’Assemblée Nationale, du Haut Conseil des Collectivités Territoriales, du Conseil Economique social et Environnemental aidera à améliorer la performance de ces institutions publiques.
- L’augmentation du nombre d’huissiers et de notaires est aussi une impérieuse nécessité au regard du nouveau découpage administratif et de la croissance démographique.
- Avec les 557 Communes et 14 Régions que compte le Sénégal, l’acte 3 de la décentralisation offre également de réelles possibilités d’insertion aux diplômés. La quête d’efficacité et de compétitivité dans la gestion locale a abouti à la création du Haut Conseil de la Fonction publique locale. Cette institution pourrait travailler à mettre au service des structures locales toutes les ressources humaines disponibles (juristes, géographes et autres) pour une meilleure gestion des affaires locales.
- La convention Etat-Employeur est un instrument pertinent dont le budget de 15 milliards doit être triplé jusqu’à ce qu’il atteigne 50 milliards pour soutenir la création de nouveaux emplois et booster l’économie sénégalaise en cette période de relance.
- En exonérant les entreprises de certaines taxes et impôts en contrepartie du recrutement de jeunes stagiaires, l’Etat promouvrait une insertion professionnelle progressive des jeunes diplômés. L’effective application de cette convention est vivement requise pour faire baisser sensiblement le nombre de candidats à l’émigration irrégulière avec son lot de morts.
La jeunesse doit davantage marquer son empreinte dans les échéances actuelles et futures pour un Sénégal prospère. Aux candidats à l’émigration irrégulière nous lançons l’invite à rester pour changer le pays et à ne pas casser leurs tirelires pour changer de pays.
Fait à Dakar, le 25 mai 2022
Le Coordonnateur
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