Angers (France) – Pendant deux jours, la ville d’Angers a accueilli une délégation venue du nord du Sénégal, conduite par le maire de Linguère, Aly Ngouille Ndiaye. Invité par Christophe Béchu, maire d’Angers et président d’Angers Loire Métropole, l’ancien ministre sénégalais a profité de ce séjour pour renforcer les liens tissés depuis 2022 entre les deux collectivités. Objectif : accompagner Linguère dans son ambition de devenir, à terme, la première ville verte du Sénégal.
Une ambition qui peut sembler audacieuse, mais qui prend tout son sens lorsqu’on connaît le contexte et les défis auxquels fait face cette commune sahélienne.
Capitale de l’ancien royaume du Djolof, Linguère est aujourd’hui une commune de la région de Louga. Située dans une zone semi-aride, elle occupe une place stratégique dans l’élevage pastoral et l’agriculture de subsistance. Mais la pression climatique, la désertification, la gestion des ressources hydriques et la question des déchets urbains posent des défis majeurs. Depuis son élection à la tête de la commune de Linguère, Aly Ngouille Ndiaye mise sur une modernisation tournée vers le développement durable : reboisement, accès à l’eau, urbanisation maîtrisée, et sensibilisation des populations.
De son côté, Angers s’est imposée ces dernières années comme un modèle en matière de transition écologique. Élue “ville la plus verte de France”, la capitale de l’Anjou a fait de la gestion des espaces verts, de la biodiversité et de la mobilité douce des priorités. Sous l’impulsion de Christophe Béchu, devenu entre-temps ministre de la Transition écologique, la ville a multiplié les initiatives pour construire une métropole résiliente face aux défis environnementaux.
La visite de la délégation sénégalaise a donné lieu à plusieurs rencontres techniques, des visites de terrain et des échanges entre services municipaux. Des thématiques très concrètes ont été abordées : comment végétaliser l’espace urbain dans un contexte sahélien ? Comment impliquer les jeunes dans l’éducation environnementale ? Quelles solutions locales pour mieux gérer les déchets ?
Dans une déclaration à la presse, Aly Ngouille Ndiaye a salué “un partenariat exemplaire, qui dépasse le protocole pour toucher à l’essentiel : la vie quotidienne des habitants”. Le maire de Linguère a aussi insisté sur l’importance du transfert d’expérience entre les deux territoires, tout en respectant les spécificités locales.
Christophe Béchu, quant à lui, a rappelé que “la transition écologique ne peut se limiter aux grandes capitales mondiales. Elle doit aussi se construire dans les territoires, y compris ceux du Sahel, avec pragmatisme, solidarité et vision”.
La coopération entre Linguère et Angers repose sur quatre axes principaux :
– la gestion écologique des espaces verts, avec un plan de reforestation adapté aux conditions climatiques de Linguère ;
– la formation des cadres techniques et le renforcement des capacités locales ;
– la valorisation des déchets ménagers par des solutions simples et innovantes ;
– l’éducation à l’environnement, notamment à travers les écoles et les structures de jeunesse.
Au-delà des signatures et des visites officielles, cette rencontre incarne une forme de diplomatie des territoires, fondée sur les échanges de savoir-faire et la volonté commune de bâtir un avenir plus durable. Ce pont entre Angers et Linguère témoigne d’une réalité de plus en plus présente : ce sont aussi les collectivités locales, et non plus seulement les états, qui sont en première ligne dans la lutte contre le dérèglement climatique.
À l’heure où le changement climatique frappe durement les zones sahéliennes, cette coopération franco-sénégalaise apparaît comme un espoir concret. Un modèle de solidarité qui pourrait inspirer d’autres communes africaines soucieuses de conjuguer développement urbain et écologie.
Malick Sakho