La traque des convoyeurs de migrants est une bonne chose selon le président de l’organisation Horizon sans frontières. Boubacar Sèye estime, cependant, qu’il faudrait aller au-delà. « Que des convoyeurs soient traqués, ce n’est pas mal. Parce qu’il, faudra aujourd’hui, faire une enquête sur ces drames et situer les responsabilités. Mais, orienter le débat uniquement sur la traque des passeurs risque de ne pas être efficace. Faisons en sorte que ces convoyeurs n’aient plus de clients, que ces gens ne retrouvent plus de jeunes à la quête d’une pirogue pour l’Espagne. Le tout policier aussi ne peut pas fonctionner, cela risque de ne pas être efficace. Et là, malheureusement, les États africains dont le Sénégal cautionnent l’Europe dans ce que j’appelle, l’externalisation des flux migratoires. Parce que aussi, l’Europe a échoué dans la gestion de ces flux migratoires parce que l’Europe refuse de s’adonner aux nouvelles donnes des migrations internationales, on parle de mondialisation, de globalisation.
L’Europe ferme ses frontières, l’Europe se barricade et malheureusement les africains font le jeu de l’Europe. On parle même de militarisation du Frontex avec l’achat d’armes et autres pour stopper ce fléau. Cette stratégie ne peut pas être efficace, je crois qu’il faudra qu’au niveau du Sénégal que l’on revisite nos pesanteurs socio-culturelles. Je pointe du doigt cette pression sociale qui est à l’origine de tout cela. Parce que le Sénégal est un pays à tradition migratoire ancienne. Nous sommes dans un pays où l’avoir est mis au-dessus de l’être qui l’incarnation des valeurs et nous allons vers l’aliénation. Il faudra déconstruire pour tout reconstruire. Il faut revoir notre système éducatif, il faut revoir notre modèle de société. Il faudrait en quelque sorte créer cette révolution socio-culturelle épistémologique pour une relecture des perspectives », a indiqué, sur Sud Fm, Boubacar Sèye, le président de l’ONG Horizon sans Frontières.
A.Saleh