Abdou SABARA est actuellement directeur d’IDESIA crédits de Torcy et Président de BOUSTANE FINANCES; Il a accepté de répondre à nos questions dans cette interview.
M. Abdou Sabara présentez-nous votre parcours en quelques mots ?
Bonjour, je m’appelle Abdou SABARA actuellement directeur d’IDESIA crédits de Torcy et Président de BOUSTANE FINANCES. Je suis issu de l’hôtellerie de luxe où j’ai occupé plusieurs postes. Plus récemment Chef concierge et Responsable commercial de la zone Afrique Subsaharienne peu de temps avant la crise du COVID. J’ai passé mes 25 dernières années dans un établissement très connu des Champs-Elysées dans le 8ème arrondissement Parisien. Diplômé initialement d’une formation commerciale avec une spécialisation en bureautique et matériel informatique. En résumé j’ai un parcours atypique fait de défis et d’opportunités. Pour être plus complet je suis marié et père de 4 adorables enfants qui sont une source de motivation et de bonheur.
Racontez -nous quelles sont les étapes que vous avez franchies pour en arriver où vous êtes aujourd’hui ?
Ça n’a pas toujours été qu’un fleuve tranquille. Bien au contraire les embûches ont toujours été là pour me rappeler que la vie est un combat sans fin, qu’il faut accepter avec une ambition omniprésente. Mais surtout c’est le refus de la médiocrité et des préceptes qui nous motivent pour rester concentrer sur nos objectifs et suivre notre chemin. Il faut avoir de l’audace, de l’ambition et des rêves pour se donner les moyens d’y arriver. J’ai toujours été animé de l’envie franchir les limites pour mieux briser le plafond de verre que l’on nous impose. C’est aussi une façon de donner du sens à notre quotidien. Je suis un homme de défi avec comme seules limites l’éthique, la morale et le ciel. En tenant compte de l’environnement familial qui parfois nous rappelle certaines contraintes. Le dernier est non des moindres : la chance que nous avons en France de pouvoir se former tout au long de notre vie. C’est un modèle inspirant pour nos pays en voie de développement.
Vous êtes à la tête du service de financement et de regroupements de crédits. Est-ce que les émigrés de manière générale et les Sénégalais de la diaspora en particulier s’intéressent à vos services ?
C’est un secteur actuellement en plein essor avec une bonne de progression pour atteindre le niveau des pays Anglosaxons. Oui les sénégalais s’y intéressent mais avec pas mal de frilosité et surtout d’appréhension. Car pas encore très pratiqué en France en général. Et pourtant un bon moyen de rebondir et surtout de financer des projets qui leur tient à cœur. Je les exhorte à se renseigner pour voir le bien que cela pourrait leur procurer dans leur quotidien. Parce qu’il n’y a rien de tel que d’alléger ses mensualités de crédits et financer des projets au même moment. Ou alors financer un projet en gardant la même mensualité. Il y a tant à dire qu’il faudrait un entretien sur le sujet ! www.idesia.fr
Quel appel lancez vous à nos compatriotes de la diaspora qui hésitent encore à bénéficier des financements et crédits ?
Osez franchir le pas pour réaliser une étude gratuite et sans engagement et voir le bien que cela pourrait leur procurer dans leur budget. Je les invite également à franchir le pas et simplifier notre rapport à l’argent et aux crédits. Car nous avons encore beaucoup de pudeur à parler de nos difficultés au quotidien. Or, la solidarité qui nous lie devrait nous permettre de nous soutenir un peu plus que nous ne le faisons actuellement.
Peu de Sénégalais de la diaspora pensent investir dans leur pays d’accueil . Est-ce toujours un bon choix ?
Votre question appelle une réponse en deux points. Oui ! les Sénégalais dans leur presque totalité ne pensent qu’à une chose : retourner au pays un jour ! Cela sous-entend au moins une condition parmi tant d’autres : s’assurer un confort digne du sacrifice consenti pendant toutes ces années de dur labeur. C’est dire l’importance voire la nécessité pour nous d’investir au Sénégal. C’est aussi un moyen de garder une occupation pour éviter une inactivité qui est source de dégradation de notre état de santé.
Le deuxième aspect de votre question à savoir si c’est un bon choix ?
La réponse est définitivement oui sans ambiguïté ! Voyez-vous il n’y a pas un jour où face une innovation ou un équipement innovant sans que l’on pense à les transposer dans notre pays d’origine. C’est presque un réflexe chez nous vivant hors du Sénégal. C’est dire à quel point nous aimons et tenons à notre pays. Donc penser à y investir est presque naturel ! Nous avons une part de responsabilité non négligeable dans le développement de notre pays.
Simplement nous avons tous connu ou entendu parler de projets confiés à des personnes dignes de confiance. Et bien souvent se terminent de manière peu glorieuse jusqu’à des mélodrames familiaux dignes des pires cauchemars.
C’est en cela que je fais appel aux futurs gouvernants de se pencher véritablement sur le sujet. Nous enfants du Sénégal de la diaspora n’avons pas encore mis à disposition toutes nos capacités d’investissements pour participer plus activement au développement
de notre cher pays. Malgré l’effort non négligeable que nous avons déployé jusque-là. Il y reste de la marge ! Il est de la responsabilité de nos politiques de créer ce cadre sécure et fiable pour canaliser cette belle énergie débordante qui ne demande qu’à servir. Cela devra commencer par activer nos représentations diplomatiques pour les faire fonctionner à plein régime et le dispositif administratif pour nous accompagner à l’échelle locale. Je déplore la perte d’énergie que nous constatons depuis plusieurs décennies sans beaucoup ne soit fait pour mettre tout ceci au service de l’emploi et du développement.
Que pensez vous de l’investissement des émigrés sénégalais ?
Le constat est amère mais la lucidité et l’honnêteté m’obligent à faire le constat suivant : nous sommes largement en deça de nos capacités. Allez visiter le top management des plus grands groupes dans le monde entier. Il est rare voire impossible que vous n’y croisiez un ou des Sénégalais. C’est affligeant quand on sait que leur plus grand souhait serait de servir leur pays.
Pour beaucoup leur retour non encadré par nos gouvernants se concluent en une nouvelle émigration à leur pays d’accueil d’alors. Parfois hélas c’est l’échec d’un retour tant rêvé. Dieu soit loué il y a de belles réussites que nous saluons tous. Nous pensons que dans un futur proche si nous impliquons un peu les expatriés, nous ne ferons plus appel à toutes ces aides extérieures. Nous ferons une communication dans ce sens durant la campagne des législatives à venir. Nous avons les réponses adéquates aux préoccupations des Sénégalais de l’extérieur car partageons le même quotidien.
Quels sont les critères d’obtention de financements et quels sont les taux appliqués ?
Pour faire simple je les invite à visiter notre site internet pour prendre rendez-vous. Ceci ne les engage en rien et c’est gratuit. Par contre ce qu’il faut en retenir : c’est que nous proposons des solutions à des situations particulières pour lesquelles les banques de détails n’interviennent pas. Les conditions sont, somme toute, semblables aux exigences des banques à savoir justifier d’un certain nombre critères comme les revenus, la situation familiale, un domicile identifiable…
Êtes vous prêt à mettre votre expertise au service de votre pays d’origine ?
C’est une opportunité que je guette tous les jours avec l’espoir que cela arrive dans un futur proche. Nous le souhaitons ardemment car l’expérience n’a meilleure destination que de servir ou le leg.
Quels sont vos objectifs pour les années à venir ?
Pouvoir servir mon pays où que je puisse être. L’idéal serait justement de servir cette communauté expatriée pour les accompagner dans le financement jusqu’à la réalisation de leurs projets. C’est une question qui est déjà à l’étude et qui fera l’objet de communication dans les jours et semaines à venir.
Que Pensez vous du mode de fonctionnement des institutions financières qui sont au Sénégal ?
Ces institutions ont déjà le mérite d’exister et de fonctionner. Simplement toute œuvre humaine est par définition perfectible. Nous avons pas mal à y redire notamment sur la démocratisation de l’accès aux crédits et financements. Je sais d’expérience que c’est presque le parcours du combattant pour y accéder. Mais il faudrait sans doute
créer un environnement pour rassurer les institutions financières pour qu’à leur tour elles apportent plus facilement leur concours.
Votre dernier mot ?
Soyons fiers et conscients de la grande qualité de nos ressources humaines à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Nos ressources naturelles aussi suffiraient à subvenir à nos besoins.
Le seul élément manquant dans cette équation est le management pour qu’enfin notre pays se dirige définitivement vers le développement tel que nous l’entendons. A savoir que la paix et la concorde perdurent dans notre pays. Que chaque sénégalais puisse manger à sa faim, se soigner convenablement et ait un toit pour s’abriter.
Entretien : Malick Sakho