Monsieur Papa Aly Lo est candidat de la coalition Geum sa Bopp, à la mairie de Linguère. Il a accepte de nous livrer ses impressions à la veille des élections locales prévues au mois de janvier prochain. Entretien.
Monsieur LO, vous êtes candidat de la coalition Geum Sa Bopp pour les prochaines élections. Pensez- vous qu’il sera facile de détrôner Monsieur Aly Ngouille Ndiaye à Linguère ?
Je voudrais, tout d’abord, vous remercier pour l’entretien que vous m’accordez. J’en profite pour saluer les sœurs et frères de la diaspora, les Djolof-Djolof, plus particulièrement. Revenant à votre question, je vous signale que je fais partie de ceux qui pensent que la facilité n’est pas de ce monde et donc plus grand est le défi, plus grande doit être la détermination pour le relever. Aly Ngouille Ndiaye n’est pas indétrônable et la théorie la plus plausible est qu’il est en phase de déclin. La raison est simple : il est contesté au sein de sa propre formation et, aujourd’hui, beaucoup de Linguérois lui ont tourné le dos ; car ils pensent qu’il n’est plus l’homme qu’il faut à tête de la Mairie. D’ailleurs lui-même disait ne vouloir faire qu’un mandat, nous lui avons accordé deux ans supplémentaires. Avec la volonté de Dieu, je le battrai aux locales parce que je suis profondément convaincu d’en avoir les moyens. La liesse populaire lors de l’ouverture de notre permanence à Linguère et l’accueil réservé au Président Bougane Guèye par les populations de notre Commune l’attestent.
Beaucoup de gens estiment que le maire sortant a beaucoup fait pour votre contrée. Quels sont, selon vous, les secteurs qui sont laissés en rade ?
M. Sakho, vous savez, le Maire sortant a fait des réalisations, comme ses prédécesseurs, d’ailleurs, mais les performances restent modestes, les progrès réalisés insuffisants et l’impact sur le vécu des populations mineur. Aujourd’hui, à Linguère, les inégalités, au lieu de se réduire, se creusent davantage. L’accès à un terrain habitable est devenu de plus en plus compliqué pour le Gorgorlou, certains secteurs d’activités économiques sont détenus ou concurrencés par une mafia qui ne dit pas son nom. L’assainissement, la politique de jeunesse, le soutien à l’action communautaire, la participation à la culture, le soutien aux sports et aux loisirs dans leur diversité, sont problématiques. Dans l’ensemble, son bilan est largement négatif et la ville n’est pas encore sortie de l’ornière.
Quelles sont les innovations que vous comptez apporter, une fois élu ?
Vous savez, la construction d’une administration locale de développement commence par le choix pertinent des hommes et des femmes aptes à exercer efficacement les responsabilités qui leur sont confiées. Nous commencerons d’abord par un diagnostic de l’effectif des agents à la disposition de la Mairie afin d’asseoir une meilleure organisation et nous mettrons l’accent sur le renforcement des capacités de ces derniers pour une meilleure compréhension des enjeux et une meilleure prise en charge des priorités de la commune. Notre Politique de développement social ambitionne essentiellement de faire de Linguère un milieu de vie encore plus favorable au développement du capital humain et des communautés. Son but sera d’améliorer la qualité de vie des citoyens tout en augmentant leurs possibilités d’épanouissement. Au sujet des innovations, nous envisageons entre autres de : faire un diagnostic et concevoir un Plan Local de Développement (PLD) basé sur un branding territorial adapté, dès notre installation ; – mettre en œuvre ce PLD en assurant un contrôle citoyen fort basé sur l’approche projet ; – optimiser un financement innovant par un partenariat public/privé et une coopération décentralisée (avec l’apport de la Diaspora, bien sûr) ; – faire éclore les opportunités entrepreneuriales par l’incitation, la formation et l’accompagnement ; – orienter nos actions sur la réalisation des projets des femmes et des jeunes ; – créer des emplois massifs et durables par l’Approche à Résultat Rapide.
Monsieur Aly Ngouille Ndiaye fait irruption à votre meeting et son geste a été apprécié par beaucoup. Quel commentaire faites-vous de ce qu’on pourrait qualifier de surprise inédite de la part de votre challenger ?
Je salue son geste de fraternité. J’apprécie ce message fort à la classe politique nationale au moment où ailleurs au Sénégal, les tensions minent la cohésion sociale et font craindre le pire. Je me réjouis de la maturité de mes militants qui ont apprécié avec discipline et grandeur ce passage de témoin populaire avant celui imminent des urnes le soir du 23 janvier 2022. Toutefois, Aly Ngouille Ndiaye, notons-le, ne l’a pas fait de gaité de cœur car de mémoire de Linguérois, depuis son accession à la tête de la Mairie, jamais une manifestation de l’opposition n’a autant réussi. Il s’est donc senti secoué et défié dans sa zone de confort. C’est cette astuce qu’il a trouvée pour noyer le poisson et amortir le choc, mais c’est peine perdue : le changement est en marche à Linguère où le slogan « Aly waccal Aly yeeg !! » est devenu le cri de guerre d’une jeunesse décidée à tourner la page. Aussi, faudrait-il rappeler que dans son propre camp, ils se sont donnés en spectacle lors d’un meeting, récemment, et qu’en 2009, lorsqu’il était dans la même situation que moi aujourd’hui, c’est-à-dire candidat à la Mairie, le sang avait coulé et les balles avaient crépité au grand désespoir des habitants de la ville. Je souhaite tout simplement que les engagements pris lors de notre meeting soient traduits en actes pour une campagne apaisée et une transition pacifique sans effusion de sang à la tête de la mairie de Linguère. Je serais heureux une fois élu d’en faire un conseiller spécial au même titre que les autres anciens maires.
Quel message adressez-vous aux Djolof-djolof de la Diaspora ?
La diaspora joue un rôle important dans notre pays. Elle devrait davantage s’impliquer et être prise en compte dans la gestion de nos collectivités. Je voudrais donc inviter les Djolof-Djolof de la diaspora à faire confiance et épauler cette jeunesse déterminée à faire bouger les lignes tout en gardant cet esprit de convivialité et d’inclusion qui a toujours caractérisé Linguère. La diaspora a sa place dans cette entreprise titanesque de reconstruction de la ville de Linguère avec le développement de plusieurs pôles socio-économiques. Aussi, l’apport des émigrés du Djolof reste déterminant dans le choix des hommes pour conduire les destinées de nos communautés, c’est pourquoi j’en appelle à leur sens de responsabilités et les invite à faire voter la liste Gueum Sa Bopp pour une Linguère de tous et pour tous.
La journée de l’élevage a été célébrée, cette année, au Djolof, plus exactement à Dahra. Quelle lecture en faites-vous ?
Ma conviction est qu’au Djolof, chaque journée devrait être considérée comme celle de l’élevage. Depuis mon enfance, on nous parle du Djolof comme étant le Texas du Sénégal, seulement les efforts consentis pour faire émerger ce secteur, le rendre moderne et en faire un moteur de l’économie du pays ne sont pas à la hauteur des attentes. Les éleveurs, confrontés à la transhumance, à l’insuffisance de l’aliment de bétail, à la santé animale et aux feux de brousse sont toujours dans l’attente de solutions adaptées de la part des Autorités. Nous militerons pour des journées de l’élevage moins folkloriques mais empreints de décisions d’investissement fortes comme l’industrialisation à petite et moyenne échelles. La diaspora Djolof-Djolof pourrait d’ailleurs être d’un grand apport. V
otre coalition Gueum Sa Bopp est-elle bien présente dans le Djolof ?
Pour une première participation aux élections locales, notre coalition est présente dans cinq communes du Département de Linguère. D’ailleurs, ce sont ces localités qui ont été visitées lors de la tournée du Président Bougane Guèye. Il s’agit de Linguère, Mboula, Yang-Yang, Sagatta et Gassane. S’agissant du Mouvement Gueum Sa Bopp, nous avons fini de nous implanter dans toutes les communes du département. Nous avons des militants dans pratiquement toutes les localités et une plateforme regroupant l’ensemble des responsables est créée à cet effet. La massification est en cours et la visite du Président Bougane a donné un coup d’accélérateur.
Entretien : Malick Sakh